La chasse plus populaire que jamais

Entrevue avec l’homme panache

La chasse : même si elle connaît une forte croissance, force est d’admettre que c’est le genre d’activité qui déchaine les passions, tant chez ses détracteurs que chez ses adeptes.

Qu’y a-t-il à aimer de la chasse ? Réal Langlois, qui a connu ses premières parties de chasse à l’orignal tout près du nord de l’Ontario, en Abitibi, pourrait en parler pendant des heures. L’homme panache — c’est son surnom — observe depuis plus de 40 ans, fasciné, l’orignal dans son habitat naturel. Pour mieux le chasser.

Un rôle de régulation

Bien des personnes ne sont pas intéressées à écouter les arguments du chasseur d’expérience. «Il y en a qui ne veulent rien savoir, remarque-t-il. Ils pensent qu’on n’a pas le droit de tuer un animal.» Preuve faite, chaque fois qu’il se présente sur un grand plateau (il cite notamment l’émission de Denis Lévesque), il reçoit ce qu'il appelle des bêtises — parfois virulentes — par courriel.

À l’inverse, «c’est arrivé que mes arguments fassent réfléchir les gens», dit-il.

Il s’explique : «Premièrement, la chasse est essentielle et primordiale pour le contrôle du cheptel. Si on enrayait la chasse pendant trois ans, il y en aurait, des accidents d’auto et des morts! [Après quelques années], la population augmenterait, développerait des maladies et serait réduite presque à néant, dans des cycles comme on a vu autrefois. La chasse sportive assure un contrôle et ça donne un équilibre pour la faune.» D'ailleurs, les trappeurs tiennent un discours semblable : sans leur travail, les barrages de castors inonderaient les routes.

Une mère et son petit au parc Algonquin. Photo : SPOMT 2009

UnE expérience humaine

Au-delà de ces explications rationnelles, Réal Langlois aime l’expérience humaine que procure la chasse. Pour lui, il y a quelque chose d’atavique dans une telle sortie. On se retrouve entouré d’un petit groupe de bons amis ou de membres de sa famille et on doit se fondre à la nature, chose que l’homme occidental n’a plus la chance de faire souvent.

«Ce n’est pas qu’une question de tuer la bête, c’est tout ce qu’on vit dans chaque excursion de chasse, explique-t-il. Tout ce qu’on partage avec la nature, c’est familial, c’est humain, c’est beau.»

À l’instar du chasseur originaire de Sherbrooke, ils sont de plus en plus nombreux à chercher ce précieux contact. Le nombre d’orignaux chassés a presque triplé en 17 ans, du moins au Québec. Les récoltes sont passées de 11 444 orignaux en 2000, dont 1673 à l'arc, à 27 631 en 2017.

Le passionné de chasse explique ce regain par le vieillissement de la population. «Les baby-boomers sont à la retraite et peuvent pratiquer des sports comme la chasse. Toute cette gang n’allait pas beaucoup à la chasse, avant.» Il relève aussi la présence de trentenaires, de quadragénaires et de quinquagénaires, et surtout celle de femmes, «qui est vraiment accrue depuis quelques années.»

Chez les jeunes, en particulier ceux  vivant en milieu urbain, on a moins d’appétit pour la chasse à l’orignal, croit-il. «Une chance, dans les milieux ruraux, il y en a un peu.»

Ceux-ci, souvent, vont choisir la chasse pour remplir leur congélateur et se nourrir d’animaux élevés dans un milieu naturel plutôt qu’en grande exploitation et abattus à la chaîne. «J’ai assez d’argent pour acheter de la viande, mais j’aurais jamais la qualité. Jamais. [Le gibier] n’a pas d’hormones ajoutées, c’est pur, ça vient de la nature et c’est bon.»

Pour faire œuvre utile, Réal Langlois a déjà offert la viande de l’orignal abattu à des familles dans le besoin. Il l’a fait en 2017, avec une énorme et magnifique bête. «Le guide a donné ça à des amis. En pourvoirie, avant, je prenais la viande et je la donnais à des familles dans le besoin.» Connaissant les prix de la nourriture dans les communautés du Nord canadien, le cadeau a été bienvenu.

Le parc Algonquin : pleine nature. Photo : Destination Canada

Le contact avec la nature

L’homme panache chérit les moments où il se retrouve en pleine immersion dans la nature. À quelques jours d’une expédition, il était excité : « je m’en vais dans un lac perdu. Je vais voir des grizzlys, des caribous, des loups. »

S’il a parcouru le Canada pour donner des conférences, il demeure fidèle au Yukon, qu’il visite presque annuellement depuis 1999. Si ce n’était pas si loin de ses petits-enfants, il y passerait la moitié de l’année, volant vers le Nord alors que les snowbirds partent vers le sud. «Mon cœur est resté là», admet-il.

«Le Yukon, c’est complètement sauvage. C’est un autre monde.» En fait, l’état d’isolement et de calme rend la beauté austère des lieux difficile à expliquer. «T’entends jamais un humain. Le monde est pas stressé. C’est la tranquillité.»

Il enchaine : «C’est pas pour dire : il y a de très beaux endroits au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario.» Mais le ciel du 61e parallèle, à Whitehorse, n’a rien à voir avec celui du 48e, à Bonaventure.

La chasse en Ontario

Quand il va au Yukon, l’homme panache prend l’avion, atterri sur un lac isolé. «Je vais te dire quelque chose : c’est vraiment un pays sauvage. Il n’y a pas de train, il n’y a pas de route.»

Un lac dans la région de Wabakimi. Photo : SPOMT.

Ce qu’on peut vivre, aussi, dans le Nord ontarien, en particulier dans le Nord-Ouest, où les pourvoiries abondent. «On en trouve des paysages sauvages, là aussi, convient-il. On voit des aurores boréales.»

Dans le Nord ontarien, on peut atteindre le 50e parallèle et y fouler les basses terres de la baie d’Hudson, où, en plus, on observe une forêt changeante, marquée de bogs et de majestueuses rivières dont les rives hébergent des peuplements clairs d’épinette et de mélèze.

Au printemps 2018, en ayant mis un terme à ses tournées de conférences de l’homme panache, Réal Langlois comptait poursuivre son exploration et continuer à produire des vidéos, notamment dans le Nord. «J’attends l’invitation», dit-il en riant.

Le Nord ontarien. Envie d'un contact avec la nature? Photo : SPOMT

Il y trouvera aura un magnifique terrain de jeu. Il retrouvera ce contact avec la nature qui lui est si cher et verra des animaux. Clairement, l'immensité du territoire nord-ontarien ne se compare pas aux territoires de chasse gaspésiens, circonscrits. En Gaspésie, en 2017, on comptait 10 orignaux par 10 km2, en majorité des femelles, pour un recensement d’environ 16 000 bêtes.

En Ontario, en 2009, le recensement dévoilait plutôt un cheptel de 100 000 orignaux (à la hausse) et, pour cinq unités de gestion du Nord, une densité de 10 à 32 originaux par 100 km2, avec une pointe dans la région de Sioux Lookout, de Dryden et du lac Seul, dans le Nord-Ouest. En 2015, on relevait une augmentation de la population à Wawa, à Hearst et dans la région sauvage de Quetico.

Partir à la chasse

La chasse peut demeurer un sport intimidant. C’est pour cette raison qu’en août 2018, l’homme panache et la maison Modus Vivendi ont lancé une deuxième édition revue et augmentée de Chasse à l’orignal, un manuel de techniques de chasse : la première édition, parue en 2015, s’est écoulée à 10 000 exemplaires.

Le manuel de techniques de chasse paru en 2015 a connu un tel succès que Modus Vivendi l'a réédité en 2018. 

Il ne faut pas avoir peur de se lancer. «C’est vraiment pour M. et Mme Tout-le-Monde», estime le formateur. Et ce n’est pas aussi compliqué que certains le prétendent. «Quand j’étais jeune, je suis allé étudier le comportement des orignaux en pleine forêt et je me suis aperçu qu’il y avait une très grosse différence entre ce que les chasseurs disaient et ce qui avait réellement en forêt. Anciennement, les gens callaient aux 20 minutes. Les orignaux, ils callent quand ça leur tente. Quand le mâle achale la femelle, il peut faire 100 cris en 5 minutes.»

Pour l’homme panache, la matière essentielle, c’est la passion, facile à nourrir à l’ère d’internet. «Dans mon temps, on allait en forêt et on ne savait pas quoi faire. Aujourd’hui, tout est sur film, tout est dans mon livre, tout est dit, tout est écrit, c’est beaucoup plus simple.» Par exemple, on peut consulter le Résumé des règlements de la chasse en un clic. Ajoutons les outils développés dans les dernières années, grâce à la technologie.

Sans oublier les guides en pourvoirie, qui se font un plaisir de fournir une vignette de validation nécessaire à la récolte et d’accompagner les chasseurs… parce qu’eux aussi aiment le contact avec la nature et l’expérience humaine qu’est la chasse.

L'expérience en pourvoirie : unique en son genre! Photo : SPOMT

Pourvoiries de chasse à l'orignal

Quelques pourvoiries dans la région d’Algoma, tout près de la réserve faunique de Chapleau :

Quelques pourvoiries dans le Nord-Est :

Quelques pourvoiries dans le Nord-Oust :

Pour trouver une pourvoirie dans le Nord ontarien :

D’autres articles à lire…

Pour en savoir plus sur la chasse en Ontario et les permis requis : lisez l’article Sachez chasser !

Lisez aussi le récit d’une première expérience de chasse à l’orignal dans la région de Thunder Bay ici !

La chasse, ce sont aussi des traditions familiales ! Miguel Bélisle a l’habitude de chasser dans la région de Mattawa.

À propos de Andréanne Joly

Andréanne Joly aime explorer, fouiller et faire découvrir la francophonie de l'Ontario et ses espaces touristiques. Elle le fait depuis 20 ans et le ferait encore 100 ans! Par leur richesse, leur beauté et leur diversité, les destinations ontariennes ne cessent de l'épater.

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